HERVÉ PINOTEAU : QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LA MORT DU COMTE DE CHAMBORD ET LA LÉGITIMITÉ
Monsieur Hilaire de Crémiers a eu l'amabilité de m'envoyer un numéro de La Nouvelle Revue universelle1. J'en ai remercié M. de Crémiers et cela m'a donné l'idée d'aller plus loin.
En gros cette affaire est de peu d'importance ; elle s'est passée à Goritz (alors en Autriche et devenu Gorizia en Italie) à la veille des obsèques d'Henri V. Michel de Bellomayre, ancien secrétaire d'État, fit le siège de trois princes de Bourbon d'Espagne pour qu’ils renoncent au trône de France. Étaient présents au début Charles (don Carlos) duc de Madrid (roi d'Espagne ayant perdu le combat) et son frère Alphonse (don Alfonso). Charles ne voulait rien dire en attendant son père Jean (don Juan), comte de Montizon, chef de famille qui arriva tard et partit se coucher en ne voulant pas voir Bellomayre. Alphonse expliqua à ce dernier que s'ils avaient des droits il était stupide de les négliger etc. Bellomayre s'impatientait et quand il apprit que le prince Jean était couché il demanda qu'on aille le chercher, ce qui fut refusé. Mécontent "il s'en alla en tourbillon".
Bellomayre était un partisan des Orléans et il se peut fort bien qu'il ait agi seul. Et ce fut tout. M. Patrick Germain écrit que cet homme était "un légitimiste convaincu" (p. 167) mais il fut dans l'erreur comme des milliers de Français estimables. Pour parfaire le récit, il paraîtrait que le conseiller d'Etat était ami de don Carlos. Pourquoi pas ? Mais on lira plus loin quelque chose de plus curieux sur ce prince.
Tout ceci fut conté par Joseph du Bourg, serviteur d'Henri V qui le tenait d'Alphonse/don Alfonso2. Ce fidèle fut durant des années présent à Frohsdorf et mourut en 1936 après avoir reçu chez lui en France Alfonso-Carlos (devenu en 1931 "roi de France et d'Espagne" à la mort de Jacques/don Jaime). Don Alfonso-Carlos et sa femme étaient revenus pour préparer la guerre civile qui se déclara (il existe un récit de l'affaire qui vient des archives de du Bourg dont j'ai le texte donné par un petit-fils : il y a des photographies de cette réunion).
Il était d'ailleurs utopique de vouloir faire signer quoi que ce soit à ce prince don Juan, original et qui avait abandonné sa royauté espagnole utopique et carliste. Ce prince qui avait quitté sa femme sœur de la comtesse de Chambord était donc un original de grande classe ! On le reverra plus loin.
L'auteur de l'article s'étonne d'ailleurs qu'on ait parlé de don Carlos comme du roi d'Espagne. Or à Frohsdorf l'épouse de ce roi, Marguerite de Bourbon Parme, était toujours placée à la droite d'Henri V comme reine ! Ce qui échappe à cet auteur est qu'on puisse être roi d'Espagne et aussi de France ; ce qui n'a rien de répréhensible en soi et d'autant plus que don Carlos n'était finalement sur aucun trône, ayant perdu la dernière guerre carliste.
Qu'on le veuille ou non, Henri V n'a jamais admis que les Orléans soient à sa suite sur le trône de France et il est connu qu'il ne voulait pas prendre de décisions tant qu’il étai en exil. Le roi ne parla plus jamais aux Orléans des affaires politiques lors de la rupture de 1857. En effet, après une réunion avec des Orléans, en vue d'une action commune, le duc de Nemours au nom des siens exigeant le drapeau tricolore. Ce fut la fin d'un espoir mal compris par beaucoup.
Et jusqu'à sa mort, Henri V ne parla plus de politique avec ses cousins, même quand le "comte de Paris" et ses parents misaient sur la mort d'Henri V pour régner, ce dont le roi était bien persuadé.
En 2007 mon ami Daniel de Montplaisir (professeur d'histoire à Montréal, Canada) et auteur de deux beaux livres sur le comte de Chambord et Louis XX a souhaité en savoir plus sur un fidèle d'Henri V peu connu. Nous eûmes deux jours extraordinaires aux archives départementales de la Marne, donc à Châlons-en-Champagne en obtenant une masse de renseignements sur Henri V, inconnus ayant beaucoup d'auteurs. Il s'agissait de savoir ce que pensait le serviteur d'Henri V nommé comte de Sainte-Suzanne, membre d'une famille Bruneteau. Je reviendrai plus longuement sur lui.
La vie d'Henri V était d'ailleurs difficile sur le plan de la courtoisie, n'ayant aucun contact avec les Britanniques depuis qu'on lui rendit une lettre de politesse qui ne fut pas admise par le parlement de Londres. Aussi, Henri V rendait visite à l'empereur roi d'Autriche Hongrie mais ce dernier ne mettait jamais les pieds chez le comte de Chambord. Pendant des années Sainte-Suzanne accompagna le Prince à l'étranger et vivait à Frohsdforf très souvent, sans doute assez libre car devenu rapidement veuf.
La position d'Henri V était dure. Il avait une épouse peu agréable, quasi sourde et qui ne lui donna aucune postérité. Son successeur obligatoire (don Juan) était un homme fugace qui avait abdiqué de sa royauté espagnole. Grand voyageur il disparaissait on ne sait où. On sait qu'il implora la reine Isabelle II de pouvoir vivre en Espagne. Il inventa cependant des bateaux pour traverser les rivières espagnoles afin d'aider son fils don Carlos luttant dans la dernière guerre carliste. Ayant abandonné sa femme (sœur de la comtesse de Chambord et devenue une quasi bonne-sœur) et ses enfants il vécut en Angleterre, chez une Anglaise qui lui donna des enfants dont un fils qui s'occupa de cinéma. Sur la fin don Juan se réconcilia avec la religion et fut inhumé à Trieste avec les siens. Ce roi de droit laissa un texte aux Français qui, selon son désir, fut lu après sa mort.
Par ailleurs don Carlos (il signa toujours "Carlos" même quand il parlait comme roi aux Français) avait scandalisé Henri V qui n'admettait pas que son neveu ait insulté sa chère épouse la reine d'Espagne, car ce roi de droit eut aussi une vie conjugale peu glorieuse... De plus il se brouilla avec son fils don Jaime, résultat de la méchanceté de sa deuxième épouse. Quelle famille !
Parlons maintenant de la mort d'Henri V. Le roi s'éteignit le 24 août 1883 à Frohsdorf et sans aucune pudeur Louis-Philippe d'Orléans, «comte de Paris» envoya un avis de décès à tous les souverains d'Europe et du Brésil, en énumérant tous les prénoms du duc de Bordeaux, comte de Chambord, et signant "Philippe comte de Paris" ; il se déclarait encore chef de la Maison de France, les proches d'Henri V n'étant que de la Maison de Bourbon !
Le "comte de Paris" et des Orléans vinrent se montrer à Frohsdorf le 27, ne pouvant d'ailleurs pas voir la comtesse de Chambord. Le "comte de Paris" déclarant à la duchesse de Madrid, et à Robert duc de Parme et ce par deux fois, que la Maison de France présentait ses condoléances à ces princes lesquels restèrent muets ! Ce fut fort pénible.
Le lendemain 28 la comtesse de Chambord assurait au duc de Parme qu'elle tenait bon dans ses décisions…
Le 1er septembre les Orléans reviennent à Frohsdorf pour une grand messe, "Paris" essaya d'avoir une meilleure place, qu'il obtint aidé par le roi des Deux-Siciles détrôné (grand admirateur de Napoléon III). Pour Henri V lui-même il fallait que ses serviteurs se débrouillent au mieux dans un pays étranger dirigé par l'empereur et roi François-Joseph d'Autriche Hongrie etc. Chose non prévue la famille impériale et royale se devait d'être à la cour du souverain qui fêtait son fils Rodolphe au triste destin.
Le souverain fut donc représenté par Albert prince de Tour et Taxis (1867-1952), grand écuyer, fils d'une duchesse de Bavière, sœur de l'impératrice reine dite "Sisi". C'était donc lui qui dirigeait tout hors du château. Il présida les obsèques dans son uniforme autrichien blanc qui étonnait dans le noir de tous.
Ce fut le 3 octobre qu'eurent lieu les obsèques. Dans le cortège allant à la cathédrale de Goritz ce prince autrichien était seul en tête et suivaient en ordre Jean/don Juan, comte de Montizon, chef de Maison, orné de nombreuses décorations comme le dit le comte Albert de Mun4, puis ses deux fils (Charles/don Carlos et Alphonse/don Alfonso, Jaques/don Jaime fils de Charles/don Carlos) et le duc de Parme (son frère cadet étant malade), le prétendant légitime au trône de Portugal, dom Miguel, etc. Dans la cathédrale le prince autrichien en blanc était seul, et les Bourbons à côté de lui et sur sa droite, Jean/don Juan, le plus proche.
Je passe sur les protestations de quelques Français manifestant contre l'absence des Orléans, mais l'ensemble fut bon qu'on le veuille ou non.
Au sujet des obsèques je tiens à signaler trois livres orléanistes très utiles, ne serait-ce que par leurs illustrations :
1. Hommage de La Gazette de France à la mémoire du Roi, Paris, 1883, qui est remarquablement illustré. On y voit des portraits du comte de Chambord et de sa femme, des vues de Frohsdorf ainsi que des salons et d'autres bâtiments ; bien entendu des représentations des Orléans visitant Henri V malade mais aucun portrait des Bourbons successeurs ! Les obsèques sont largement représentées dans des photographies figurant l'intérieur et l'extérieur de la cathédrale, qui sont hélas très abîmées par le temps. Le monastère où est inhumé Henri V est aussi montré.
2. La maladie, la mort et les obsèques de monsieur le comte
de Chambord, Publications de la Gazette de France, Paris, 1883, préface de Victor Taunay, éditeur, 96 pages en navrant papier journal mais à sauver. Ouvrage orléaniste souvent précis et utile mais aussi menteur par omission, allant jusqu'à écrire que dans le cortège allant à la cathédrale de Goritz il y avait le représentant de François-Joseph et "les plus proches parents du Roi marchent à la place d'honneur". Jean, Charles, Alphonse et Jacques de Bourbon dont les noms ne sont pas donnés par omission et c'est peu dire.
3. H. (pour Henri) de Pène, Henri de France, Paris, 1884, est en revanche un texte très important et tout à fait orléaniste. Cependant page 443 il montre un dessin d'intérêt figurant l'intérieur gauche de la cathédrale. On voit fort bien trois drapeaux (j'espère avoir le temps de disserter un jour à leur sujet), le prince de la Tour et Taxis le plus proche du chœur, ayant à sa gauche les quatre princes Jean, Charles, Alphonse, Jacques et Robert duc de Parme peu visible.
On a publié il y a peu5 le "Journal de mon voyage à Frohsdorff (sic) et Goritz 28 août - 4 septembre 1883", rédigé par François le Bourdaloue qui fut maire de Châtenay-Malabry et lié au comte Maurice d'Andigné fidèle d'Henri V. Je note au passage que les d'Andigné furent de grands légitimistes.
Devant le cercueil d'Henri V exposé à Frohsdorf il nota qu'on avait mis une décoration de l'ordre de Saint-Louis en haut du collier du Saint-Esprit (numéro 16). Nul n'en avait parlé avant lui ! Dans le cortège vers la cathédrale (et après le représentant de François-Joseph) venait le prince Jean de Bourbon comme il était nommé par le vicomte Maurice d'Andigné, Joseph du Bourg, etc. Il portait la cravate de la Toison d'or (il avait été roi carliste) et le cordon et la plaque du Saint-Esprit sur son habit de deuil. Du Bourg déclara que c'état le cordon d'Henri V. Le comte de Blacas, très important (mais orléaniste) portait devant lui le collier du Saint-Esprit (il y avait plusieurs colliers à Frohsdorf car les chevaliers défunts faisaient retour du collier au roi), la croix de Saint-Louis toujours attachée au collier. Je précise que le fameux comte Albert de Mun, orléaniste, décrit aussi le cortège6 et déclare qu'il vit un personnage couvert de grands cordons et que ce serait Jean, chef de la Maison de Bourbon. Voilà comme on écrit aussi les choses.
Deux secrétaires d'Henri V interrogés dirent que c'était la comtesse de Chambord qui avait donné au prince Jean les insignes de son mari. Et c'était bien normal.
J'ai cité des témoignages et des archives, mais je me dois de citer un autre, le livre très important de Paul-Eric Blanrue, Lumières sur le comte de Chambord. Le témoignage inédit du P. Bole, confesseur du Prince en exil, Paris, Communication et tradition, 1995. J'en fis la préface et j'avais dit à cet auteur d'aller voir dans les archives de la Compagnie de Jésus (à Vanves, Hauts-de-Seine) les lettres que ce Père écrivit à un ami jésuite comme lui. Nous avons des témoignages sur ce que le comte de Chambord pensait ou même ce que pouvait dire ce Prince sur la non succession des Orléans. Il est indispensable de lire ce très utile document sur le R.P. Joseph Bole S.J., confesseur du Prince, si non se taire. On ne peut oublier qu'Henri V entendant le père Bole enseigner au comte de Bardi, son neveu, que les princes d'Anjou (les descendants du duc d'Anjou devenu Philippe V roi d'Espagne) ne pouvaient succéder en France du fait des renonciations lors du traité d'Utrecht, l'interrompit pour lui dire que c'étau faux, d'où une discussion, une séparation et notre père Bole admettant son erreur !
De son côté, mon ami Daniel de Montplaisir a récemment rappelé que "nous disposons maintenant d'une expertise juridique réalisée par un ancien président de la Cour internationale de justice, Gilbert Guillaume, qui clôt définitivement le débat : Utrecht n'a rien changé à la loi salique et à ses conséquences directes en droit royal."7
Revenons à Jean III qui ne fit rien sauf pour un texte qui ne fut publié qu'après sa mort !
Son fils don Carlos, donc Charles XI, fut médiocre ; on ne saurait cacher sa lettre ahurissante datée du jour des obsèques d'Henri V à Nocedal dans laquelle il proclame "son amour de la chère Espagne à laquelle il appartient…". Mais il faut reconnaître qu'il admit qu’il était quand même chef de la Maison de France en recevant des Français après la mort de son père. Ce roi de droit conféra l'ordre du Saint-Esprit à des Français et des Espagnols ; il ne faut pas oublier son message aux catholiques français contre les francs-maçons à Naples, 12 mars 19067.
Son fils don Jaime/Jacques Ier avait reçu Frohsdorf par Henri V et sa femme. Officier dans l'armée russe il fut combattant remarqué en Asie. Devenu roi de droit il quitta l'armée et fit beaucoup pour la Légitimité en France où on le laissa séjourner. En 1931 alors que l'Espagne devenait république il accepta d'aider Alphonse XIII qu'il fit chevalier du Saint-Esprit à Avon, prés de Fontainebleau, il mourut quelques jours après. Jacques Ier conféra d'autres colliers de l'ordre, celui d'Alphonse XIII étant dans la main du roi actuel d'Espagne.
Frohsdorf passa à l'une de ses sœurs et ce fut le début des misères, puis l'arrivée de l'armée soviétique d'où la catastrophe faite par le départ des Allemands avec le feu mis à la maison où se trouvaient de nombreux souvenirs de notre royauté8.
Je signale encore cet autre livre mien qui montre la navrante action du prince Xavier de Bourbon Parme qui fit ce qu'il fallait pour que les colliers du Saint-Esprit soient en voie de disparition progressive : un désastre !9 Sur la fin le prince Xavier se fit élire roi d'Espagne par des Carlistes !
Jacques Ier ne put se marier du fait de la deuxième femme de son père qui s'activa pour qu'un mariage avec une princesse de Bavière soit impossible (cette duchesse de Madrid mourut à Vienne dans la misère pendant la deuxième guerre mondiale et nul ne sait où elle est inhumée).
Son successeur fut son oncle, deuxième fils de don Carlos, Alphonse-Charles, pieux prince sans enfant d'une princesse portugaise. Avec les zouaves pontificaux il avait été défenseur du pape quand Rome fut pris par les Italiens. Il se signala en mettant le Sacré-Cœur de Jésus dans ses armoiries espagnoles et prépara ses carlistes à la guerre civile de 1936. Il mourut cette année-là alors que la guerre arrivait.
Son successeur de droit fut donc Alphonse XIII en exil qui sut fort bien qu'il était aussi roi de France, ce qu'il ne pouvait pas dire dans l'état des choses10, l'exilé qui aimait beaucoup la France disait en catimini qu'il était son roi ; cependant l'auteur s'est trompé sur un point, suivant un érudit (Zeininger), que j'ai bien connu et qui ne comprit pas bien la succession à la tête de la Maison de Bourbon. Alphonse XIII (et Ier pour la France) mourut en 1941 à Rome laissant comme fils aîné Jacques/don Jaime, duc de Ségovie éliminé en Espagne du fait de sa surdimutité. Son frère cadet don Juan, comte de Barcelone, ne fut pas choisi comme roi du fait de ses idées libérales, et c'est son fils Juan-Carlos, qui devint roi d'Espagne et qui eut un fils actuellement régnant, S.M. don Felipe (Philippe) VI qui a deux filles, l'aînée étant princesse des Asturies, donc future reine, le roi Ferdinand VII ayant abandonné la loi de succession capétienne, d'où les trois guerres carlistes.
Titré duc d'Anjou et de Ségovie, Jacques-Henri (j'ai imposé cette appellation et ce prénom d'Henri était le seul bien français de la liste de ses prénoms) VI épousa une Française, Emmanuelle de Dampierre qui apprit d'un écrivain patriote d'origine égyptienne que ses deux fils seraient importants pour la France (il se nommait Georges Cattaui). Et ce fut vrai. Ce prince conféra aussi les ordres du Saint-Esprit et de Saint-Michel. On trouvera trois textes de lui dans l'État présent cité ci-dessus (p. 99, 100 et 101). Le destin fit que la vie du prince n'étant guère parfaite il y eut divorce et remariage évidemment civil. Jacques-Henri VI mourut en 1975 d'un accident venant de sa femme civile alors que la Légitimité renaissait. Son enterrement près de Lausanne-Ouchy fut francisé par un vaste drapeau aux armes de France mis sur le cercueil aussi orné d'un collier du Saint-Esprit.
Alphonse II titré duc d'Anjou et de Cadix fut un grand légitimiste qui épousa une petite-fille de Francisco Franco. Il conféra lui aussi les Ordres du Roi. En 1989 le Prince décéda d'un accident de ski alors qu'il allait épouser une archiduchesse d'Autriche (son premier mariage avait été annulé). Ce fut sans doute la pire catastrophe de la Légitimité car l'œuvre du Prince fut attaquée par des légitimistes conduits par un personnage bien titré ainsi que par un Espagnol qui se mêlait de tout en ne comprenant rien de la Légitimité.
Alphonse II eut deux fils dont l'aîné, François, mourut d'un accident de voiture. Le second fut nommé Louis. En me téléphonant le matin la naissance, le prince Alphonse était fort heureux et je lui demandai tous les prénoms qu’il défila et je lui posai la question : "Pourquoi Marc ?" Il me répondit : "Mais enfin Pinoteau vous savez bien que l’on donne chez nous le saint du jour !" A ce moment-là je répondit dans la joie : "Votre fils est né le même jour que saint Louis !" J’ajoutai alors que l’on savait le jour de la naissance par une seule parole ! En effet lors du retour de sa première croisade le roi Louis IX et Joinville avaient tout le temps de parler sur leur bateau et c’est alors qu’il dit au sénéchal de Champagne qu’il était né à la saint Marc ! Et c’est notre seule source sur la naissance d’un prince petit-fils du roi Philippe II Auguste et même pas l’aîné car il avait un frère avant lui qui disparut. C’est dire que le prince Alphonse (et moi) fut heureux de cette découverte.
Nouveau chef de Maison depuis le décès de son père en 1989, et nommé Louis XX (et Alphonse en plus), le duc d’Anjou épousa une Vénézuélienne du nom de Marie-Marguerite Vargas Santaella, fille d’un banquier et d’une dame qui eut un rôle dans le gouvernement de son pays. Leurs trois enfants sont une fille, S.A.R la princesse Eugénie de Jésus, et LL.AA.RR. les princes Louis de Jésus, duc de Bourgogne et Alphonse de Jésus, duc de Berry.
Le Prince Louis XX est dans le cadre de la réserve citoyenne de la Marine nationale, capitaine de corvette (2017), rattaché au Centre d’études stratégiques.
Il est membre de la Société des Cincinnati de France et y représente le roi Louis XVI.
Il a été reçu au château de Versailles comme bailli grand croix d’honneur de l’ordre souverain de Malte.
La Princesse Marie-Marguerite est marraine du 19e régiment du génie à Besançon.
Elle a été reçue dans le même château comme dame grand croix d’honneur et de dévotion de l’ordre souverain de Malte.
Je signale que le livre bien connu sur la noblesse titrée espagnole dit Elenco de grandezas y titulos nobiliarios Espanoles qui parait chaque année depuis une cinquantaine d’années donne la généalogie des descendants du roi Alphonse XII, nos Bourbons étant en tête jusqu'à nos jours du fait que don Jaime passait avant don Juan.
Je rappelle qu'Alphonse II duc d'Anjou était espagnol comme son père. Il demanda à la ministre du sport de la santé, etc de devenir Français car il avait rendu des services dans le ski devant avoir lieu dans les Alpes françaises et non en Espagne. La ministre répondit que M. Alphonse de Bourbon ne pouvait pas demander cela car il était Français dès sa naissance du fait que les Républiques française et espagnole vers 1932 avaient décidé que les conjoints pouvaient avoir les deux nationalités. Alphonse et Gonzalve étaient donc Français. Ils furent hébergés tous deux par un conseiller à une cour de Montpellier qui s’occupa des papiers avec joie ! Le préfet face aux fonctionnaires réticents pour les titres des princes, régla la question avec une lettre de l’Élysée qui était favorable à cette question.
Je me souviens du prince Alphonse me demandant au début de son action chez nous, de lui donner une bibliographie sur la question royale française. Il voulait montrer à ses amis espagnols qu’il avait un rôle à jouer avec la France ; je lui ai ainsi envoyé une bibliographe d’environ soixante quinze livres et articles sur cette question de la succession. Il en fut très content.
La succession royale ne peut être changée. Tout le monde sait cela car ce fut écrit depuis 1420 par l’avocat Jean de Terrevermeille qui voyait la possible arrivée au trône de France du roi d’Angleterre. Ses Tractatus si bien analysés et présentés par mon ami Jean Barbey, docteur en droit et auteur de La Fonction royale. Essence et légitimité, préfacé par Marguerite Boulet-Sautel, professeur d’université de droit (Nouvelles éditions latines, Paris 1983).
N’oublions pas non plus que François Ier n’en pouvant plus de sa séquestration à Madrid envoya une lettre au Parlement de Paris pour lui dire qu’il abdiquait et qu’il devait proclamer roi de France son Dauphin François11. Le Parlement ne fit évidemment rien devant cette astuce qui rendait sans pouvoir un simple gentilhomme qui devait être alors libéré. Cet acte parmi d’autres documents fut déposé en 1527 alors que tout était réglé. On n’en parla plus.
Le pire arriva avec Louis XIV qui fit le traité de Montmartre le 6 février 1662 avec le duc de Lorraine Charles IV pour qu’il abandonne son duché, car on lui donnait un autre duché en France, etc et chose extraordinaire, qu’il serait successeur des rois en cas d’extinction de la Maison de Bourbon ! Un scandale ahurissant, enregistré bien entendu par le Parlement de Paris. Fureur des Courtenay, Capétiens qui existaient encore (jusqu'en 1733) et qui ne descendaient d’Hugues Capet que par Louis VI le Gros. Les gens de la Lorraine firent annuler la chose à leur duc !
Mais on vit plus tard le Roi Soleil proclamer dynastes deux bâtards, le duc du Maine et le comte de Toulouse, en rentrant ainsi dans la Maison de Bourbon et ces deux princes devenus "du sang" pouvaient succéder en cas d’extinction de la Maison de Bourbon. Une nouvelle tristesse pour les Courtenay (édit de Marly, juillet 1714, déclaration du 23 juin 1715).
On doit cependant reconnaître que Louis XIV avait été forcé de faire la paix avec la Grande-Bretagne et qu’il avait dû accepter que les Bourbons devenus espagnols ne soient plus dynastes en France. Cette décision qui fut décidée le 15 mars 1713 au Parlement de Paris laissa cependant l’ambassadeur britannique perplexe et il écrivit à sa reine Anne que cet acte n’était pas très assuré. De son côté l'ambassadeur d’Espagne fit savoir à Madrid que l’opinion générale considérait que les renonciations étaient nulles.
Ce fut cependant un Orléans (honneur à lui !) qui sauva en quelque sorte cette situation ! Il se nommait Philippe (II) d’Orléans, duc d’Orléans et régent de France. C’est lui qui balaya toutes les erreurs dynastiques de Louis XIV au lit de justice des Tuileries, le 29 août 1718 qui fut décrit par le duc de Saint-Simon… Le texte commence en parlant des actes contraires aux lois dans la Maison de Bourbon et termine en donnant le nom de Maison de France, en affirmant que le denier roi de la dynastie n’a même pas le droit d’en désigner un successeur.
Contrairement à ce que pensait le prince Sixte de Bourbon Parme, les princes étrangers (Espagne, Deux-Siciles, Parme), n’étaient pas Français (et donc sans patrie) mais restaient successeurs. Ce fut réglé dans l’affaire du château de Chambord.
Je renvoie à mon État présent de la Maison de Bourbon, 4e édition 1991, Paris, Le Léopard d’or, j’ai donné des textes d’amitié entre les rois et de l’autre côté des Pyrénées.
Dans la Constitution de 1791, titre II, chapitre II, section première: "Rien n’est préjugé sur l’effet des renonciations, dans la race actuellement régnante". Autrement dit les Bourbons d’Espagne pouvaient être considérés dynastes et possibles successeurs. On sait que Louis XVI écrivit à Charles III comme s’il était intéressé par ce qui arrivait chez nous. En 1830 on savait que le calamiteux
Ferdinand VII n’ayant que deux filles voulut changer la constitution et décréta qu’elles pouvaient succéder, d’où protestation de "don Carlos" son frère et le début des guerres carlistes ! Un désastre ! L’affaire fut discutée dans la cour de France, et les Orléans tremblèrent car on envisageait le retour des Bourbons d’Espagne en France, et passant ainsi avant les Orléans alors que de son côté, Ferdinand Ier roi du royaume des Deux-Siciles (en 1816 il avait quitté son titre de roi des Deux-Siciles et abandonné son IV pour renforcer l’unité de son royaume) protestait et se brouilla avec le roi d’Espagne. Il faut lire à ce sujet le beau livre de Jean-Paul Garnier, Charles X. Le roi-le proscrit, Paris, Fayard, 967, p. 195-201. En juillet Charles X fit une lettre au roi d’Espagne qui ne put être envoyée. Chef de Maison de Bourbon notre roi écrivait qu’il n’était pas possible de changer le droit, tout étant bien établi depuis Louis XIV et Philippe V (note 52 de la p. 471). En tout cas Louis-Philippe d’Orléans, duc d’Orléans bondit sur l’occasion et se transforma en roi des Français, échappant à la question dynastique franco-espagnole.
On a vu, en 1791 que notre première constitution écrite laissa la possibilité du retour des "Espagnols" en France.
Cette affaire de Maison de Bourbon et non de Maison de France doit être éclaircie. Maison de France vient de la correspondance ente le roi et le pape. Elle a été consacrée si on peut dire par le pape Grégoire IX dans sa bulle Dei Filius cugus de 1239 envoyée à Philippe IV le Bel pour la canonisation de Louis IX : "Que se réjouisse la noble maison de France qui a engendré un si grand prince".
Pour ses fantastiques décisions, Louis XIV invente Maison de Bourbon comme on l’a vu ci-dessus et le Régent Orléans remit Maison de France. Tout va bien changer en 1814 car on publie par ordre du roi l’Almanach royal pour remettre en ordre la France débarrassée de Napoléon Ier. Dans l’ancien livre on commençait la liste des Capétiens sous les noms de "France " (le roi la reine, les dynastes vivant en France, les branches d’Orléans, de Bourbon-Condé et de Bourbon-Conti puis à part, sous un trait horizontal le non dynaste duc de Penthièvre et sa fille... Venaient ensuite "Espagne", "Deux-Siciles", "Portugal" (capétien) "Italie" avec le pape et plus loin "Parme" donné à l’ex-impératrice des Français.
Cet Almanach royal eut une nouveauté : la partie des souverains commençant par "Maison de Bourbon" suivi de "France" (donc avec les Orléans, les Bourbons Condé, et Conti) , puis "Espagne", "Deux-Siciles" transformé en 1816 en "Royaume des Deux-Siciles" le titre du roi ayant changé, puis "Lucques" (Parme étant dans les mains de notre ex-impératrice), puis les "Etats romains" du pape, l’ "Autriche" etc. Ce volume arrivé à Vienne fut un coup de tonnerre car le roi de France avait montré qu’il n’admettait pas l’attribution de Naples à Murat ! Louis XVIII et nul autre ne pouvait lui contester la chose.
Je termine par l’évocation de ce qui s’est passé en justice au sujet des prétentions des Orléans.
En effet, le prince Henri d’Orléans, "comte de Clermont" fils du "comte de Paris" voulut condamner en justice le prince Alphonse, duc d’Anjou et de Cadix, pour qu’il ne puisse plus se titrer duc d’Anjou, porter les armoiries de France, etc. Sur mon conseil le prince Alphonse choisit pour le défendre l’ancien garde des sceaux Jean Foyer, personnage très connu qui reprit la toge avec plaisir.
Se présentant oralement comme Dauphin de France devant le Tribunal de grande instance de Paris, Henri et ses amis (prince Ferdinand de Bourbon-Siciles et Sixte-Henri de Bourbon-Parme) furent déboutés le 21 décembre 1988 : l’Orléans et ses deux cousins furent remis à leur place. Le prince Alphonse étant décédé, Henri s’attaqua au jeune fils d’Alphonse, Louis duc d’Anjou, devant la première chambre de la Cour d’appel de Paris, ce qu’il y a de plus élevé en France. Cinq magistrats en grand costume rouge figuraient et Jean Foyer fut encore présent. Le jeune Prince fut représenté par sa mère. L’arrêt du 18 novembre 1989 ratifia l’acte de l’année précédente encore présent et c’est ainsi qu’Alphonse (et donc Louis) fut reconnu possesseur des pleines armes d’azur à trois fleurs de lis d’or, deux et une, et sans brisure. Pour tous, les armes de France, donc du roi de France étaient à Louis. Pour l’heure dans des cérémonies importantes Mgr le duc d’Anjou précède le "comte de Paris" ou son fils Jean d’Orléans, "duc de Vendôme" et la princesse Napoléon. Cette victoire fut connue dans de nombreux pays.
Voici donc ce qu’il fallait dire et même enseigner à ces Capétiens navrants et on ne peut que se demander quand cesseront ces prétentions manipulées par des ignorants volontaires ou non.
Je regrette d’avoir eu l’obligation de dire des choses peu agréables à la famille d’Orléans dont certains membres ont été brillants, comme le duc d'Aumale et le prince de Joinville. Mais n’oublions pas la mort du jeune prince François d’Orléans, officier tué dans cette Algérie en révolte. Pensons encore à Henri "comte de Paris" qui fit tuer l’amiral de la flotte François Darlan et qui flatta nos présidents de la République, etc.
Qu’on le veuille ou non, les Orléans eurent de curieux personnages : le duc d’Orléans, grand maître de la franc-maçonnerie de France (cf. mon livre sur Le Chaos français et ses signes, p.2o) dont le sceau portait les armes de France avec les oripeaux de la secte, et qui embrassa si bien la Révolution qu’il vota pour la mort de Louis XVI qui eut lieu à une seule voix ! Son fils Louis-Philippe mit Charles X à la porte et on comprend les anxiétés du comte de Chambord. On peut évoquer encore la curieuse mort du dernier des Bourbons-Condé en 1830, Louis-Philippe régnant, car ce prince très riche et légitimiste fut sans doute désireux de ne plus donner sa fortune au duc d'Aumale pour qu’elle soit donnée au jeune duc de Bordeaux en exil. C’eut été la panique devant cette possibilité et les proches de ce Bourbon savaient très bien qu’il était incapable de se tuer lui-même. Le prêtre le plus proche du défunt le fit savoir.
Certes il y a des princes d’Orléans qui sont sympathiques mais là on a des réserves devant leurs actes et leurs prétentions ahurissantes.
Je ne sais évidemment pas qui montera sur le trône quand Dieu voudra bien nous aider à sauver notre pays en déroute.
Intéressé par l’Action française et la propagande des Orléans durant la guerre de 1939, je faisais de la généalogie en consultant les dictionnaires de la bibliothèque de Royan, mais l'ancien général gouverneur de l'Élysée me dit que c’étaient les Bourbons d’Espagne les légitimes. Aucun dictionnaire n’en parlait. La guerre finie, des amis et moi avons cherché qui était légitime. On a vu des orléanistes ; un Naundorf pitoyable et on a fini par comprendre que le droit était chez l’aîné des Bourbons. Il y avait alors quelques légitimistes autour de Michel Josseaume, toujours en vie, et je vis des gazettes d’intérêt puis on me présenta au chef de Maison : don Jaime, duc d’Anjou. En 1954 je publiais mon premier tome de l' Héraldique capétienne, numéro 1 des Cahiers nobles. C’est là que je dissertais sur nos rois et leurs fils. Et en 1960, après le désastre de la perte de l’Algérie (pays que j’aimais beaucoup lors de mon service militaire de 1950-1951, à Cherchell et comme aspirant à Constantine, au 3e régiment de tirailleurs algériens), je publiais Monarchie et avenir aux Nouvelles éditions latines tout en visitant souvent le mercredi à la Santé mon ami le docteur Bernard Lefèvre embastillé après l’affaire des barricades à Alger, et c’est là que je fis connaissance d’un autre grand ami, l’excellent Jacques Perret venu voir un autre détenu, et qui passa si bien à la Légitimité que le prince Alphonse le fit chevalier de l’ordre de Saint-Michel !
Il faut reconnaître que la Légitimité ne marchait pas bien en 1962. Don Jaime/Jacques-Henri VI duc d’Anjou et de Ségovie posait bien des problèmes. Aussi avec mon meilleur ami, le comte Pierre de La Forest Divonne (1926-1983) nous avons décidé de changer de méthode. Nous fondâmes une société de prière et de sacrifices pour que Dieu nous aide dans notre combat et que s’Il ne voulait pas des Bourbons, que tout serve à celui qu’Il désignera. Ce fut dit le dimanche du Sacré-Cœur et tout se fit avec environ 70 personnes. L’année suivante Pierre et moi allâmes à Madrid pour dire à Alphonse qu’il se décide. Il dit oui et nous nomma secrétaires. En sortant nous comprîmes que nous étions alors dans le dimanche du Sacré Cœur sans y avoir même pensé ! Bien entendu tout ne fut pas facile. Alphonse eut certes beaucoup d’ennuis mais le Prince fit ce qu’il pouvait. Prié par certains de poser sa candidature pour régner Espagne. Mais avec l’aide des Français il participa à un nombre étonnant d’activités à travers la France. Cependant certains légitimistes eux-même ne pouvaient que critiquer sans cesse ce que l’on bâtissait. Sur la fin, Alphonse était désormais décidé à balayer le principal agent des ennuis, mais la mort vint et arrêta tout, ce qui fut catastrophique.
Les dernières années de sa vie furent une galopade, le Prince ayant pour ainsi dire presque tous ses dimanches en France, déclarant ne pouvant dormir en Espagne alors qu’il retrouvait le sommeil dès qu’il commençait à survoler laFrance.
Ce Prince attirait les gens. Je me souviens que lors d’un dîner à Paris au Petit Riche, avec Jacques Maurras (neveu du grand Charles) et maître Georges-Paul Wagner, il étonna ces messieurs en disant qu’il irait fleurir la tombe du fondateur de l’Action française ! Ces deux orléanistes en étaient très frappés (et moi aussi !).
Je termine sur ce prince Alphonse qui allait se remarier et termina sa vie sur une piste de ski alors qu’il avait promis à sa future épouse que ce serait la dernière fois qu’il ferait ce sport. Dans une nuit de janvier 1989 je fus réveillé par un journaliste espagnol qui détestait les légitimistes (il changea par la suite !) pour m’annoncer le décès de mon maître. Je n’en dirai pas plus sur ce désastre, et notre seul espoir devint Louis XX.
Deo Gratias
Pour terminer, une découverte sur un fidèle d'Henri V
Dans cet article j’au eu un curieux ennui relatif au comte de Sainte-Suzanne qui apporta tant de renseignements sur Henri V. Aucun dictionnaire ne parlait de lui. L’internet était abondant sur le Bruneteau de Sainte-Suzanne qui fut un brillant militaire sous Napoléon Ier et qui devint pair de France. Pas grand chose ne venait de livres sur la noblesse alors qu’il y eut deux pairs de France dans cette famille. Le fameux Dictionnaire de biographie française ne donnait rien de bon pour moi à Bruneteau de Sainte-Suzanne et la famille en question semble éteinte ! De plus, rien pour appeler au secours l’Intermédiaire des chercheurs et curieux car celui-ci n’existe plus par abandon inexpliqué de son patron qui anéantit de même Héraldique et généalogie !
C’est alors que je me suis décidé à interroger les Archives départementales de la Marne en me disant que l’on y avait sans doute bien d’autres tracas à régler. Et ce fut le miracle ! Mme Isabelle Homer, directeur de ces Archives (aidée par Mme Katia Szaranek) qui me répondit et me sauva ! Je remercie de tout cœur cette aide si précieuse.
Le fameux A. Révérand (Titres, anoblissements et pairies de la Restauration, 1814-1930, réimprimé en 1974, p. 376-378, où il est écrit qu’a la génération IX de la généalogie est Gilles ou Gilvet Brunetau de Sainte-Suzanne, général de division, grand aigle de la Légion d’honneur, sénateur puis pair de France, mort en 1830. De Dorothée Zorn de Bulach il eut Joseph-Auguste-François (1800-
1855) qui démissionna de la pairie en 1832, et qui épousa Anne-Marie de Chamorin-Capy , morte en 1882 ; ce furent les parents d’ Auguste-François Breneteau, comte de Sainte-Suzanne, né le 4 juin 1828 à Châlons-sur-Marne, décédé le 30 décembre 1912 à Ecury-le-Grand qui deviendra Champigneul-Champagne.
Ce fut lui le serviteur d’Henri V et il eut en 1857 un fils unique de Marie-Hortance de Meeûs (une Belge) qui mourut en 1859, lui-même mourant en 1913. Leur fils Auguste-Ferdinand-Marie eut un fils Maurice d’une Noailles.
Nous avions donc ici et enfin l’essentiel pour mon propos.
de l'Académie internationale d'héraldique,
chancelier du Chef de la maison de Bourbon (1969),
auteur de Monarchie et avenir paru en 1960,
aux Nouvelles éditions latines, d'une trentaine d'ouvrages, et de centaines d'articles.
hb.pinoteau@orange.fr
1 La Nouvelle Revue universelle no47, Hiver 2017, article de Patrick Germain, "L’incident Bellomayre", p. 161-174.
2 Joseph du Bourg, Les entrevues des princes à Frohsdorf. 1873 et 1883. La vérité et la légende, Paris, 1910, p. 280 etc.
3 Les dernières heures du drapeau blanc, La Revue hebdomadaire, Paris, 27 novembre 1909, p. 446.
4 Le Lien légitimiste, alors à Tours en 2007, numéros 15 à 19, donc de 2007 à 2008. Les numéros en question peuvent être achetés chez mon ami Gérard de Villèle, 2 Le Petit Prix 37240 La Chapelle-Blanche-Saint- Martin.
5 "Les dernières heures du drapeau blanc" dans la Revue hebdomadaire, Paris, numéro 46, p. 44.
6 Présent du Samedi 17 mars 2018, interview de Daniel de Montplaisir pour Louis XX : une autre histoire de France, Paris, Mareuil éditions.
7 Etat présent de la Maison de Bourbon, 4e édition, Paris, 1991, p.98, etc.
8 Je renvoie à mon livre Le Chaos français et ses signes. Etude sur la symbolique de l'Etat français depuis la Révolution de 1789, PSR éditions, La Roche-Rigault 1998, p. 244 et de moi encore avec Patrick Van Kerrebrouck, Clefs pour une somme, ibidem, 2011, p. 68, 80, 82.
9 Cf. Etat de l'ordre du Saint-Esprit et la survivance des Ordres du roi, Nouvelles éditions latines, Paris, 1983.
10 mais voir de Ramon de Franch, Genio y figura de Alfonso XIII, Genève, 1947, ch. XIV.
11 Jean Duhaime, La Captivité de François Ier et des Dauphins, Paris, 1958, p. 127-132, est le texte de l'acte royal, donné à Madrid au royaume de Castille, en novembre 1525, signé "François".
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