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Les Rois Souterrains

HERVE PINOTEAU : TOUT ROYALISTE EST LEGITIMISTE OU IL N'EST PAS ROYALISTE

5 Décembre 2015 , Rédigé par Les Rois Souterrains Publié dans #BARON PINOTEAU, #ALPHONSE II, #JACQUES-HENRI VI, #ALPHONSE Ier

MONARCHIE ET AVENIR - HERVE PINOTEAU (NOUVELLES EDITIONS LATINES, 1960)

MONARCHIE ET AVENIR - HERVE PINOTEAU (NOUVELLES EDITIONS LATINES, 1960)

 Publié il y a cinquante-cinq ans par Les Nouvelles Editions Latines, Monarchie et avenir mériterait une réédition. Epuisé, contrairement à son auteur, le baron Pinoteau, cet ouvrage nécessaire est pour la Noël le parfait cadeau à offrir à ces français catholiques qui s'interrogent dans l'anxiété du jour à venir face au vertigineux vide dans lequel la République les pousse. Peut-elle protéger les français légitimes des forces maléfiques qu'elle a elle-même soigneusement nourries depuis tant d'années? Le ver est dans le fruit républicain, Les Rois Souterrains n'en démordent pas.

 L' Etat chrétien et la France traditionnelle est le premier chapitre de Monarchie et avenir. Il commence ainsi :

 

 Nous sommes en Ve République. Nous avons une constitution écrite, la seizième environ depuis 1791. Comme toutes ces constitutions elle est révolutionnaire et laïque par son inspiration qui ne vient pas de la loi naturelle ni de la doctrine sociale de l'Eglise. L' "Etre suprême" de 1791, 1793, 1795, le "Dieu" de 1848 et les allusions à la religion catholique romaine en 1814 et 1830, ne changent rien à l'esprit général de ces textes ni à la façon avec laquelle ils sont appliqués. "Ce que le principe vital est au corps vivant, la constitution l'est à l'organisme social, dont le développement, non seulement économique mais encore moral, est étroitement conditionné par elle. Si donc il y a quelqu'un qui doive tenir le regard fixé sur les règles établies par Dieu, si quelqu'un a jamais été obligé d'avoir constamment sous les yeux le vrai bien de tous, ce sont certainement ceux auxquels est confiée la grande œuvre de rédiger la constitution." Voilà ce que disait S. S. Pie XII (allocution au patriarcat romain, 8.1.1947). Il est difficile de tenir pour assuré que nos actuels législateurs aient pensé à Dieu en rédigeant la constitution gaulliste de 1958, et encore moins qu'ils aient pensé à appliquer les règles établies par lui.

 Il faut reconnaître qu'une question se pose à maints catholiques de France, car l'esprit révolutionnaire des constitutions républicaines et les lois qui le font entrer dans les mœurs nationales sont à l'œuvre depuis cent soixante-dix ans, créant un fossé de plus en plus grand entre ce qui existe et ce qui devrait être, c'est-à-dire ce que les catholiques doivent s'efforcer d'instaurer : un état vraiment chrétien capable de sauver le pays, d'enrayer la dissolution de la société et de remettre la France dans la voie royale de ses traditions bénéfiques et authentiques.

 Si l'on exclut de sa perspective les catholiques qui plus ou moins consciemment font le jeu de l'évolutionnisme de gauche, on s'aperçoit que la grande majorité d'entre eux se compose de deux catégories principales usant chacune d'une méthode différente et permise.

 1) La première est celle qui, selon la politique de Léon XIII, estime qu'il faut se placer sur le terrain constitutionnel pour combattre ou amender les lois. Il faut entrer dans la République pour qu'elle ne soit pas trop mauvaise. C'est la tactique du "ralliement". Elle a son avantage, mais le raisonnement qui la fonde en fait aux yeux de presque tous est d'une valeur fort relative et d'une efficience qui se révèle, à l'expérience, fort contestable. On dit : placez-vous sur le terrain constitutionnel, de peur qu'en défendant la cause catholique auprès du pouvoir, celui-ci n'affecte de croire que vos revendications religieuses sont des armes politiques grâce auxquelles vous vous attaquez à son existence. Se sentant menacé, il sera anticlérical. Se sachant accepté, il sera disposé à vous faire droit... Cet argument joue dans une certaine mesure si les catholiques, en majorité, sont les adversaires du régime. Maintenant, il ne joue plus, car la proportion est renversée. Mais l'argument continue de produire ses fruits, et ils ne sont pas bons. Depuis que le "ralliement" a été réalisé par Léon XIII, les adversaires des droits de l'Eglise affectent maintenant, d'une manière analogue, de confondre la défense de la cause catholique (cela est évident notamment pour ce qui regarde l'école libre) avec le programme politique des droites, toutes républicaines qu'elles soient! Le procédé est indéfiniment extensible car il y aura toujours quelque parti à la droite d'un parti plus à gauche ; en définitive, on s'aperçoit d'une manière aveuglante qu'il existe un mécanisme, lié au système même, utilisable à merci, quoi qu'on fasse et qu'on dise, au détriment de la cause catholique et de la restauration d'un état chrétien.

 Certes, comme il arrive toujours dans les choses humaines, cette espèce de déterminisme rencontre bien des obstacles dans le réel concret, et par conséquent on peut assister à des succès partiels, bien que temporaires, qui semblent enrayer la malfaisance du système. Même des lois iniques, comme celle qui envoya les prêtres combattre au front, ont produit des effets que l'adversaire n'attendait certes pas ; le clergé fut cruellement décimé mais son contact avec les soldats et son patriotisme l'ont rapproché de ce peuple que l'on voulait décléricaliser. Autre constatation : parvenu à ses buts de déchristianisation de l'école et de la vie civile, le sectarisme n'a plus guère d'aliment ; mais la paix relative qui en résulte est celle du fauve repu. Celui-ci se réveille lorsqu'on lui dispute son os et l'espèce de mécanisme, toujours en place, joue à nouveau. Ainsi la vie et les circonstances ont réalisé une certaine coexistence dont profite la tranquillité générale. Mais qui ne voit que, devant les menaces très graves du communisme et les ravages toujours plus grands du laïcisme établi et envahissant, il puisse y avoir des catholiques décidés à remonter la pente plus ou moins fleurie qui conduit à la catastrophe, à briser l'instrument de leur défaite?

Les adversaires des droits de l'Eglise affectent de confondre la défense de la cause catholique avec le programme politique des droites, toutes républicaines qu'elles soient! Le procédé est indéfiniment extensible car il y aura toujours quelque parti à la droite d'un parti plus à gauche.

Hervé Pinoteau

 2) Il y a donc une seconde catégorie de catholiques qui pensent à jeter les bases d'un véritable renouveau national, que d'ailleurs, plus ou moins confusément, beaucoup de Français désirent, et qui est lié à un changement de régime matérialisant et réalisant un changement d'orientation. Cette remise en ordre répond à notre génie propre, qui est terriblement logicien, qui aime les idées générales, entend mettre d'accord ses lois et ses institutions. On ressent, un peu partout, le besoin de procéder à une révision rigoureuse des principes, et des catholiques aspirent à une transformation profonde des mœurs et des lois grâce à l'instauration d'institutions qui y contribueront puissamment.

 Il est vrai que cette attitude peut paraître la poursuite de l'impossible, mais l'expérience prouve que pour faire le moins il faut souvent viser le plus ; que pour avancer dans le bon sens il faut prendre le bon chemin, dût-on ne jamais parvenir à son terme parfait ; que c'est, au contraire, chevaucher un rêve que de vouloir marier l'eau et le feu et de prétendre indéfiniment à de bonnes solutions en admettant des données fausses, celles de l'adversaire qui ne désarme pas... Bref, pour bien agir, il faut apprendre à bien penser.

 Cette méthode qui n'est pourtant pas celle du "tout ou rien" et qui n'exclut pas la prudence et les temporisations souvent nécessaires, paraîtra quand même "extrémiste". Il semblera que cette contre-révolution doctrinale et active pourrait troubler la quiétude nationale, voire le bien général. On dira qu'elle enfreint la règle sacrée, imposée par l'Eglise à juste titre, de l'obéissance aux pouvoirs établis en tout ce qui n'est pas directement contraire aux lois de Dieu et de l'Eglise. On dira que les catholiques qui s'engagent dans cette voie compromettent la religion qu'ils professent dans une aventure dont elle ferait les frais en réveillant des passions que l'on estime mortes. Ces objections méritent un examen.

 Cet examen sera rapide car il n'est pas question, ici, d'empiéter sur le domaine des théologiens ni sur le gouvernement des pasteurs légitimes. Ce travail est le fruit des réflexions de plusieurs monarchistes qui parlent en politiques. Mais ils sont catholiques et le régime qu'ils désirent et qu'ils estiment nécessaire, ils le conçoivent essentiellement comme catholiques. Il faut donc qu'ils abordent le problème en catholiques. Mais, ce faisant, ils entendent n'engager qu'eux-mêmes ; l'Eglise catholique romaine en tant que telle est hors de cause. C'est dans cet esprit qu'ils répondent aux objections ci-dessus formulées.

POUR "LES ROIS SOUTERRAINS", CE LIVRE OU, PAR ERREUR, LE PRINCE ALPHONSE FUTUR DUC D'ANJOU, N'A PAS VOULU PORTER LE NOM DE LOUIS QUE LUI AVAIT DONNE SON PERE. DONC LE FUTUR ALPHONSE II (LE Ier ETANT ALPHONSE XIII), QUE J'AI EU L'HONNEUR DE SERVIR PENDANT 25 ANS. HERVE B. PINOTEAU - 4 DECEMBRE 2015

POUR "LES ROIS SOUTERRAINS", CE LIVRE OU, PAR ERREUR, LE PRINCE ALPHONSE FUTUR DUC D'ANJOU, N'A PAS VOULU PORTER LE NOM DE LOUIS QUE LUI AVAIT DONNE SON PERE. DONC LE FUTUR ALPHONSE II (LE Ier ETANT ALPHONSE XIII), QUE J'AI EU L'HONNEUR DE SERVIR PENDANT 25 ANS. HERVE B. PINOTEAU - 4 DECEMBRE 2015

 A) Réponses à des objections.

 Deux affirmations se présentent qui les résument toutes et à la fois les résolvent, si l'on veut bien voir qu'elles ne se contredisent pas.

 1) Nous avons, en tant que catholiques, le devoir rigoureux d'obéir au pouvoir établi1 quand bien même il ne reconnaîtrait pas, lui, sa dépendance à l'égard de Dieu ou même la nierait plus ou moins directement par des principes inspirés de l'idéologie révolutionnaire. Encore moins, avons-nous le droit de nous insurger contre un régime2, quand même il admettrait au nombre des "droits de l'homme" celui de l'insurrection3.

 2) D'autre part, en tant que catholiques, nous n'avons point d'obligation d'être républicains ni même démocrates. Il nous est permis d'être monarchistes, et par conséquent, œuvrer dans le sens d'une restauration du gouvernement traditionnel de la France, pourvu que nous n'employions pour cela que des moyens admis par la morale catholique4.

 Ces deux évidences ne se contredisent pas, parce qu'elles ne sont pas sur le même plan et qu'elles peuvent et même doivent rester distinctes dans la pratique.

 Si l'Eglise commande l'obéissance au pouvoir établi, quel qu'il soit, c'est parce que "tout pouvoir vient de Dieu", donc parce que le catholique, au fond, n'obéit jamais qu'à Dieu5. C'est si vrai que même à ses parents il faudrait refuser l'obéissance s'ils commandaient quelque chose de contraire à la loi divine. L'Eglise ne formule donc pas la règle d'obéissance aux pouvoirs établis par une raison politique proprement dite6. Elle ne consacre pas, par là, la légitimité d'un régime donné ; et si cette légitimité existait, elle ne prétendrait pas abolir des droits antérieurs7, ou refuser à un régime à venir des droits futurs ; elle ne s'inféode à aucun régime ; elle est, en tant que telle, indifférente à la forme du gouvernement8.

Il est normal qu'un régime mal construit, mal adapté au tempérament ou à l'histoire d'un peuple se détruise lui-même. La question du renversement d'un gouvernement ne se pose en fait pratiquement pas, quand il s'agit de lui substituer un gouvernement bon voulu par les meilleurs. Il est constant qu'un mauvais gouvernement perd lui-même sa raison d'être.

Hervé Pinoteau

 Cette neutralité n'est pas une habileté humaine. Si elle s'inféodait ou si elle inféodait les catholiques, sous prétexte d'obéissance, à un régime déterminé, dans un pays ou un autre, elle changerait la nature de cette obéissance ; celle-ci perdrait, du même coup, sa force obligatoire, en sortant de son domaine propre qui est moral et religieux.

 Or justement, la liberté politique des catholiques à l'égard des gouvernements s'inspire des mêmes principes ; ils obéissent au pouvoir établi en tant qu'il reçoit de Dieu puissance de commander, ils observent une loi supérieure à la politique proprement dite, ils ne s'engagent nullement à estimer bon ce pouvoir et à le considérer, dans sa forme, comme d'institution divine. Dieu est la source de toute puissance mais le choix des hommes et leur désignation aux postes de ce pouvoir appartient aux peuples et aux hommes9. Dieu ne leur interdit pas de changer, si besoin est, la forme de leur gouvernement10 ; il ne s'engage pas à la maintenir éternellement11.

 La théocratie n'existe plus. Un gouvernement peut succéder fort sagement à un autre. Bien mieux, il est normal qu'un régime mal construit, mal adapté au tempérament ou à l'histoire d'un peuple, voire aux circonstances changeantes, incapable de parer aux dangers qui menacent la nation, gouvernant en dépit du bon sens contre la raison ou la loi naturelle, se détruise lui-même. La question du renversement d'un gouvernement ne se pose en fait pratiquement pas, quand il s'agit de lui substituer un gouvernement bon voulu par les meilleurs ; c'est un faux problème. Il est constant qu'un mauvais gouvernement perd lui-même sa raison d'être12.

 Il est donc normal, même à des catholiques, de prévoir cette déliquescence et cette impuissance et de ne pas laisser aux hommes de désordre l'occasion d'installer leur tyrannie nuisible à la patrie qu'ils ont le devoir strict d'aimer et de servir. Partant, il leur est permis, pour ne pas dire plus, de répandre autour d'eux des idées qu'ils jugent bonnes et saines, de gagner l'opinion de leurs compatriotes à un régime meilleur et qui a fait ses preuves, pour qu'à l'heure où la nation se détournera de façon ou d'autre plus ou moins consciemment de ses institutions vermoulues elle sache que faire et où aller.

 Combien, le 13 mai 1958, par exemple, ont été pris de court? Et quel danger de désordre permanent pouvait sortir de cette impréparation? Doit-on, dans des cas semblables, se précipiter, par peur du pire, sur une solution sans valeur? Doit-on recourir au premier homme venu, lancé par des clans avides de prendre les places? Il est donc parfaitement loisible, et même nécessaire, d'avoir des idées fermes, mûrement réfléchies, afin d'écarter le recours à un régime ou à un homme, aux prétentions illégitimes, qui camouflerait sous une apparence de changement la perpétuation des mêmes mensonges ou le même mécanisme institutionnel qui nous ont fait tant de mal.

 Les fausses objections une fois écartées, il faut donc d'abord, à la lumière de l'enseignement pontifical, le plus autorisé de tous, voir ce que l'Eglise demande d'un véritable état. Cette doctrine générale s'adresse à tout gouvernement, quelle que soit sa forme.

 Ensuite, sans engager l'Eglise, il faut voir, en catholiques, si la monarchie très chrétienne est en mesure de remplir les conditions demandées, par comparaison avec les principes et les actes de la République.

 Et ce n'est qu'après ce travail que nous déterminerons le roi de France, pour que sa légitimité soit incontestable ; car sans cette légitimité héréditaire, basée sur la loi salique, il n'y a pas monarchie. Tout royaliste est légitimiste ou il n'est pas royaliste. Et la monarchie légitime est catholique, pure de toute contamination de l'idéologie révolutionnaire ou elle se condamne elle-même.

Hervé Pinoteau

 

 1Léon XIII dans les encycliques Notre consolation aux cardinaux français (3-5-1892) et Au milieu des sollicitudes aux évêques et fidèles de France (16-2-1892).

 2Léon XIII : "Le critérium suprême du bien commun et de la tranquillité publique impose l'acceptation de ces nouveaux gouvernements établis en fait, à la place des gouvernements antérieurs qui en fait ne sont plus" (Au milieu des sollicitudes).

 3Les droits de l'homme ont été considérés par Pie VI comme "contraires à la religion et à la société" (Enc. Adeo nota, du 23.4.1791, à l'évêque d'Aléria).

 4"Les catholiques, comme tout citoyen, ont pleine liberté de préférer une forme de gouvernement à l'autre, précisément en vertu de ce qu'aucune de ces formes sociales ne s'oppose, par elle-même, aux données de la saine raison, ni aux maximes de la doctrine chrétienne" (Léon XIII (Au milieu des sollicitudes) ; cf. aussi du même la lettre De Gratia à l'évêque de Montpellier, du 30.12.1894).

 5"Alors il a obligation de résister, et obéir serait un crime, qui n'irait pas sans détriment pour l'état lui-même, car toute offense faite à la religion se tourne contre l'état". Léon XIII (Sapientiae christianae, enc. du 10.1.1890).

 6"Tous savent que l'Eglise catholique n'est pas mue par des motifs terrestres, mais qu'elle admet n'importe quelle forme de gouvernement." Pie XII (Allocution au sacré collège, 14.2.1949).

 7Léon XIII dans la lettre Redditae mihi du 28.11.1890 à l'évêque de Saint-Flour précisait que la reconnaissance d'un gouvernement par l'Eglise "ne cause aucun préjudice aux droits éventuels de certains, ainsi que l'a sagement déclaré le pontife de sainte mémoire, Grégoire XVI, conformément à la pratique de ses devanciers, dans sa lettre apostolique Sollicitudo, du 7 août 1831" où l'on voit que le titre de roi donné à Louis-Philippe par le Saint-Siège n'incluait pas l'abolition des droits de Charles X.

 8Si, dans l'ordre pratique, l'Eglise ne préfère aucune forme de gouvernement, ses docteurs théologiens et philosophes peuvent discuter de leurs avantages. C'est ainsi que le prince des théologiens, saint Thomas d'Aquin, se prononce pour la monarchie de type "mixte" et héréditaire. Le point de vue pratique de l'Eglise est moral, elle sait que même un bon gouvernement peut avoir une mauvaise législation (Pie XII, messages de Noël 1954 et 1956). Et rien n'est plus dangereux. On verra plus loin en détail ce que pense saint Thomas.

 9Léon XIII : "La souveraineté n'est pas en soi nécessairement lié à aucune forme politique." (Enc. Immortale Dei du 1.11.1885 ; voir aussi Au milieu des sollicitudes). Il faut faire la distinction entre le pouvoir toujours nécessaire à la société et ses formes qui sont contingentes. L'Eglise donne même des règles d'appréciation pour des formes gouvernementales : elles doivent être adaptées au tempérament national, aux traditions des peuples, à leurs besoins présents : "Le gouvernement qui répond le mieux à leur caractère ou aux institutions et coutumes qu'ils ont reçues de leurs ancêtres." Saint Pie X (enc. Notre charge apostolique, du 25.8.1910 à l'épiscopat français). Pie VI est même allé jusqu'à dire que les hommes de la Révolution avaient osé abolir : "la monarchie, le premier des gouvernements." (Allocution au consistoire, 17.6.1793).

 10L'Eglise interdit même aux catholiques de prôner une forme gouvernementale comme seule conforme à la justice. Saint Pie X reprochait aux Sillonistes de prétendre : "que les grands évêques et les grands monarques qui ont créé et si glorieusement gouverné la France, n'ont pas su donner à leur peuple ni la vraie justice, ni le vrai bonheur, parce qu'ils n'avaient pas l'idéal du Sillon! Le souffle de la Révolution a passé par là." (Notre charge apostolique). "La démocratie ne jouit pas d'un privilège spécial." Saint Pie X (même lettre) citant Léon XIII.

 11Léon XIII, Notre consolation.

 12Léon XIII dit que par suite des courtes prévisions de la sagesse de l'homme, les institutions humaines les mieux fondées ne conservent pas toujours leur vigueur : "En politique, plus qu'ailleurs surviennent des changements inattendus" (Notre consolation). "Il y a erreur et danger à inféoder, par principe, le catholicisme à une forme de gouvernement ; erreur et danger qui sont d'autant plus grands lorsqu'on synthétise la religion avec un genre de démocratie dont les doctrines sont erronées." Saint Pie X (Notre charge apostolique).

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